Penser système, décider en stratège

Comprendre les ruptures pour mieux anticiper

Au XXe siècle, l’histoire a été marquée par de profondes ruptures

Malgré ces crises majeures, le monde occidental a poursuivi son expansion : croissance démographique, accélération des échanges, amélioration des technologies, réduction des coûts, multiplication des infrastructures. Une trajectoire toujours plus rapide, plus lointaine et moins chère.

Pour deux à trois générations, cette dynamique a instauré le mythe du progrès technologique, nourrissant l’illusion que nous allons toujours croître, nous améliorer, réduire nos souffrances et augmenter notre confort. Ce récit dominant laisse penser que les crises sont temporaires et que l’innovation finira toujours par les résoudre.

Mais est-ce une réalité ou une illusion ?

Ce récit est-il partagé par tous ? Par le grand public ? Par les États ?

Des systèmes cloisonnés face aux défis globaux

Les États savent que cette trajectoire n'est pas durable. Cependant, ils sont souvent dépourvus d’une vision systémique : leurs décisions sont fragmentées entre des organismes spécialisés qui fonctionnent en silos.

Quant aux entreprises, elles sont contraintes par la pression du court terme, la rentabilité immédiate et la concurrence. Peu d’acteurs adoptent une approche globale, et les décisions sont prises sur des bases plus ou moins éclairées.

Obscydium : Une approche basée sur la vision systémique et la science

Obscydium ne prétend pas détenir une vérité absolue. Mais en s’appuyant sur la méthode scientifique et l’analyse des rapports publics, nous visons à fournir une aide à la décision fondée sur des faits, des modèles et une approche systémique.

Nous considérons qu’une nouvelle ère a commencé en 2008, avec un changement fondamental dans notre trajectoire globale. Cette année marque :

Depuis, les crises s’accumulent, mettant à l’épreuve la résilience des sociétés industrielles :

Pourtant, l’Occident continue d’absorber ces catastrophes sans remise en question profonde de son modèle.

2025 : L’entrée dans une ère plus conflictuelle

L’élection du président Trump en 2025 lève les derniers doutes sur la trajectoire américaine. Son slogan "America First" prend une dimension encore plus brutale : les États-Unis affichent clairement leur volonté de sécuriser toutes les ressources matérielles nécessaires au maintien de leur mode de vie – un mode de vie que le président Bush Jr qualifiait déjà en 1992 de "non négociable".

Dans ce contexte, la priorité absolue des États-Unis est de maximiser leur accès aux ressources énergétiques et minières, sans se soucier des conséquences environnementales. Le message est clair : "Drill baby drill", extraire sans limite, exploiter tout ce qui peut l’être. L’enjeu ne porte plus sur la transition énergétique ou le climat, mais sur la capacité à maintenir la suprématie économique et militaire à tout prix.

Face à cette dynamique, l’Europe et les autres grandes puissances devront choisir entre s’adapter ou s’opposer, dans un monde où les ressources deviennent la clé des rapports de force géopolitiques.

Obsidienne : L'Histoire d'un Commerce Ancien et d'un Climat Déterminant

Depuis la nuit des temps, l’humain s’est appuyé sur les ressources naturelles pour façonner son quotidien et bâtir son avenir. Silex, peaux, os, métaux : chaque matière première a porté en elle une valeur d’usage et d’échange. Bien avant les routes commerciales modernes, bien avant l’or et les pierres précieuses, il y a plus de 30 000 ans, il y eut l’obsidienne.

Obsidienne

Matériau rare et précieux, l’obsidienne fut l’un des premiers objets d’un commerce à grande échelle. Son tranchant exceptionnel en faisait un outil incontournable, tandis que sa rareté imposait des échanges sur de longues distances. Mais l’obsidienne n’était pas seulement prisée pour son utilité : sa brillance noire et profonde en faisait certainement un objet de fascination. Sa beauté mystérieuse, associée à son tranchant inégalé, devait exercer une attraction comparable à celle que nous éprouvons aujourd’hui pour un smartphone : un objet à la fois esthétique et technologiquement incontournable. De l’Anatolie aux îles grecques, du Caucase aux rives de la Méditerranée, elle voyageait de mains en mains, témoignant de réseaux d’échanges bien plus anciens qu’on ne l’imagine.

Mais derrière ces flux de marchandises se jouait une dynamique plus vaste encore : celle du climat et de ses caprices. Le commerce de l’obsidienne s’est développé durant des périodes marquées par une grande instabilité climatique, au gré des migrations humaines. Puis, il y a environ 20 000 ans, avec la fin de la dernière période glaciaire, le climat s’est stabilisé, ouvrant la voie à la sédentarisation et à l’essor des premières civilisations. Cette stabilité a rendu possible l’agriculture, l’émergence des villes et l’apparition de l’écriture, mais aussi l’exploitation de nouvelles matières premières : l’argile pour la poterie et les tablettes d’écriture, le bois pour la construction, le cuivre et le bronze pour les outils et les armes. Chaque avancée technique a reposé sur la capacité à extraire, transformer et échanger ces ressources essentielles.

Aujourd’hui, nos technologies et les avancées scientifiques nous offrent une compréhension plus fine des interactions entre l’environnement et l’évolution humaine. Elles révèlent à quel point l’histoire des civilisations est indissociable de celle des ressources naturelles et du climat. À travers l’étude des sols, des carottes glaciaires ou des isotopes, nous retraçons les bouleversements du passé et constatons que lorsque le climat bascule, les empires vacillent. Les grandes migrations préhistoriques, les périodes de famine et la disparition de civilisations entières rappellent que nos sociétés reposent sur un équilibre fragile : celui des ressources physiques et des conditions environnementales qui les rendent exploitables.